instruments inventés et danseur

Mon corps jamais ne s’arrêtera de danser est un projet pour un musicien, une danseuse et un éclairagiste qui s’inscrit dans la continuité d’un travail de collaboration entamé par Jean-François Laporte, Barbara Sarreau et Jean Tartaroli en 2002. Les trois médiums (musique, danse et scénographie) font preuve d’une grande économie de moyens: une grande table métallique pour la danseuse, des tôles résonantes et une petite table amplifiée pour le musicien, et quelques projecteurs pour l’éclairagiste.

Mon corps jamais ne s’arrêtera de danser désigne et montre la transformation de ces corps qui, dans la société sans repos qu’est parfois la nôtre, sont aliénés par des actions quotidiennes. Lors d’une visite d’usine au Maroc, la chorégraphe Barbara Sarreau a été frappée par les corps de femmes au travail; ces ouvrières répétant les mêmes gestes avec rapidité, de manière répétitive et sans jamais s’arrêter. Quel impact cette cadence perpétuelle a-t-elle sur le processus de vieillissement de nos corps? Et celui de nos âmes? De la même manière, le corps de la danseuse, voué au même processus de vieillissement, jamais ne s’arrêtera de danser.

La musique de Mon corps jamais ne s’arrêtera de danser parle de transcendance et de résonance, questionnant le rapport de chacun à son inévitable finitude. Le corps de la danseuse vit la rumeur du dehors en dedans, bat la pulsation de notre temps, chavire, frémit, écorche, frappe et bagarre, en prise avec la brutalité du réel et le murmure des plus secrets bruissements. Tendue par cette hargne mêlée d’espoir, il absorbe les vibrations de notre époque et coupe à vif dans les menus gestes quotidiens. Ainsi, la danseuse épouse parfaitement la musique, dessinant le mouvement de la partition avec une liberté d’expression propre à la création contemporaine. Elle danse littéralement «à l’intérieur de la musique», devenue elle-même matière de la danse.

L’œuvre parvient à créer une émulation nouvelle autour de la danse et de la musique, élevant l’âme et le corps dans un accord commun. La rencontre des deux arts se fait sur scène, dans une parfaite osmose, intime et profonde. Ce n’est plus l’âme qui reçoit ce chant métallique, mais le corps qui le met en mouvement.

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Exécution