8 spatialized saxophones

Commission: Théâtre La Chapelle, under the initiative of Quasar

Premiere: April 26, 2001, (S)AXE(S), La Chapelle — scènes contemporaines, Montréal (Québec)

D’abord une idée. Utiliser très largement les sons multiples (technique par laquelle un instrument monodique peut émettre plus d’une note). Mais aussi, utiliser ces sons d’une façon structurelle. Émanciper la technique de l’usage courant qu’on en fait. Aller au-delà de l’effet sporadique, de l’ajout. Intégrer organiquement les multiphoniques au langage. En conditionner ce dernier.

Mais comment y arriver? Et surtout, comment travailler? Normalement, le compositeur de musique instrumentale dispose d’une matière sonore connue dont les combinaisons sont relativement prévisibles. Il est loisible, par exemple, d’imaginer le résultat de la superposition en sixte d’une clarinette et d’une flûte jouant dans un registre donné. Avec un peu d’expérience, on peut avoir une très bonne idée de la sonorité qui sera ainsi obtenue.

Mais il allait va tout autrement ici. En effet, comment imaginer à l’avance le résultat produit par la superposition de sons aussi complexes? Et, qui plus est, lorsqu’on en superpose cinq, six, voire huit? Il me fallait faire autrement et trouver une façon de composer qui soit en lien direct avec la matière sonore. Un peu à la manière des électroacousticiens, mes choix devaient être déterminés non pas par une espèce de prospective préalable à la réalité sonore, mais plutôt par la matière sonore elle-même.

J’ai donc demandé à chacun des membres de Quasar d’identifier une vingtaine de sons multiples, variés — autant que possible — et avec lesquels ils étaient à l’aise. J’ai enregistré ces sons et les ai par la suite échantillonnés afin de les reproduire directement à partir de la partition réalisée à l’ordinateur. Mais, contrairement aux électroacousticiens, le résultat ainsi obtenu ne devenait pas le résultat final. Ce fut pour moi un outil de travail et À huit reste, en ce sens, une œuvre instrumentale.

Là ne s’arrêtent pas cependant les références à la musique électroacoustique (plus spécifiquement à l’acousmatique). De cela, vous pourrez juger par vous-même.

À huit a fait l’objet d’une commande du Théâtre La Chapelle à l’initiative de Quasar. Elle y fut créée le 26 avril 2001 dans le cadre d’un concert coproduit par la SMCQ. L’écriture de l’œuvre a bénéficié de l’aide financière du Conseil des arts du Canada.

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