La Série hommage, dernière née de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), en est déjà à sa troisième édition. Consacrée cette fois-ci à l’œuvre de la compositrice Ana Sokolović, elle emboîte le pas à celles dédiées à Claude Vivier (2007-08, 25 événements) et Gilles Tremblay (2009-10, 50 événements), prenant une ampleur inégalée avec plus de 100 concerts et activités à travers le pays. Qui plus est, Lorraine Pintal, directrice artistique du Théâtre du Nouveau Monde (TNM), se joint gracieusement à ce grand rassemblement du milieu culturel à titre de porte-parole.

Opération réussie? Assurément, et les chiffres cités plus haut en témoignent éloquemment. Mais ce qui doit retenir notre attention avant tout est le but visé par la SMCQ avec cette Série hommage: l’intégration de nos compositeurs dans notre société au même titre que celle accomplie au fil des ans avec nos cinéastes, écrivains, poètes, chorégraphes, metteurs en scène et autres créateurs d’un art «contemporain», «actuel», observateurs — et acteurs — lucides et privilégiés des réalités complexes de la vie au XXIe siècle.

Car, à bien y penser, la musique contemporaine ne souffre-t-elle pas (encore…) de ce déplorable préjugé qui l’a reléguée au titre de pratique élitiste, d’expérience de laboratoire, prétendant que seul un petit nombre «d’initiés» était en mesure de goûter à ses fruits défendus? Ce cercle soi-disant «fermé», la Série hommage n’en a que faire et a clairement démontré que cette musique pouvait être intégrée avec succès — dans un contexte élargi — à une pratique musicale plus large et ce pour le plus grand bonheur du public, des interprètes et bien sûr, de nos compositeurs.

Venue du théâtre à Belgrade — tout en ayant étudié le piano et la composition avec de grands maîtres serbes — Ana Sokolovic s’installe au Québec en 1992 avec son unique et incroyable bagage culturel et va rapidement se tailler une place de choix dans notre milieu musical. Sa musique, mélange raffiné d’une riche tradition millénaire des Balkans et d’avant-garde expressive, a immédiatement conquis ceux et celles qui l’ont entendue!

De ses grandes œuvres orchestrales à la musique de chambre en passant par l’opéra, laissez-vous séduire par cette voix unique et ô combien attachante dans notre paysage culturel. Comme nous tous, vous en sortirez absolument comblés et qui sait, en redemanderez-vous davantage?

Walter Boudreau, Aïda Aoun, Directeur artistique et Directrice générale