Q: J’ai entendu dire que plusieurs pièces de Vivier étaient chantées en langue inventée. Pourquoi Vivier utilisait une langue inventée plutôt qu’une langue réelle? Est-ce que sa langue inventée voulait dire quelque chose?
R: Il n’y a pas de réponse unique et complète à cette question. Plusieurs grands spécialistes de Vivier ont cherché à y répondre et ont trouvé des hypothèses – c’est-à-dire des réponses possibles – à partir de ce qu’ils savent de la vie de Vivier et de ce que lui-même en a dit.
Premièrement, Vivier était très intéressé par les langues en général. Il parlait le français, l’anglais, l’allemand et le balinais (la langue parlée par les habitants de l’île de Bali, en Asie, où il a fait un long voyage).
Deuxièmement, Vivier n’a pas connu sa mère et ne savait pas quelle langue elle parlait. Il l’a souvent imaginée comme provenant de l’étranger, et il est possible que la langue inventée par Vivier soit un moyen de communication avec elle.
Troisièmement, il était très intéressé par la couleur musicale, ce qu’on appelle le timbre (le timbre, c’est ce qui fait qu’on reconnaît la voix d’une personne qui parle, ou qu’on fait la différence entre le son d’un violon et celui d’une flûte, par exemple). Les syllabes de la langue inventée par Vivier étaient une bonne façon d’explorer plusieurs timbres, plusieurs couleurs dans la voix chantée.
Enfin, on ne sait pas vraiment si cette langue a une signification précise, c’est-à-dire si les mots faisaient référence à des objets ou des idées précises. Certaines syllabes reviennent souvent, mais il est possible que ce soit pour leur couleur plutôt que pour leur signification.
J’ajoute un détail qui ne répond pas directement à la question, mais qui montre bien l’intérêt de Vivier pour les langues. Pour sa pièce Journal, Vivier a écrit des paroles en français, en anglais, en italien, en allemand, en latin et en langue inventée. C’est six langues différentes entendues dans la même pièce!
Martine Rhéaume
Nouvelle publiée le mardi 5 février 2008.