Voici, à découvrir chaque jour jusqu’au 18 mai, les treize poèmes de Sandeep Bhagwati qui ont inspiré sa dernière création, Niemandslandhymnen.

Traduction française de Louis-Patrick Leroux (la traduction française ne cherche pas à recréer la rime tierce dans sa forme, mais propose plutôt une traduction en forme libre de l’anglais).

I — VENTS

Des vents inlassables balaient la terre, embrasent les feux féroces
Les bourrasques mitraillent les champs enflammés
Tant de mèches qui attisent le désir

Les boucliers étanches de la civilisation ne sont que parures
Nous attendons le calme inévitable, celui d’après la tempête
Son implosion, l’épuisement de son assaut qui plie

Devant la perspicacité, la vérité, la réflexion, les métaphores.
Nous espérons en vain.
La raison, semble-t-il,
S’embourbe alors que le fol esprit retrouve sa furie

Le coup de vent torride autour de nous souffle
Une gerbe d’étincelles qui enflamment le monde connu:
Frontières effritées, âmes dispersées, rêves révolus.

II — DIASPORA

Abolissons les frontières, dispersons les âmes, anéantissons les rêves!
Wir alle sind nur Inseln, treibend in der Nacht [1],
Notre errance, égaillée uniquement par les lumières vagabondes.

Achtlos in guten Jahren haben wir selbst entfacht [2]
L’ORAGE QUI NOUS DISPERSE VERS DE VASTES CONTRÉES FLOUES [3]
verweht in einen Alb, aus dem man nie erwacht [4].

ÉBRANLÉS PAR LES VENTS, ON PATAUGE DANS LA BOUE [5]
Chaque route empruntée, ausweglos [6], nous mènera vers de nouveaux bourbiers
DONT LES FURIES MÉPRISENT TOUT CE QUI RESTE CHÈRE À NOUS. [7]

Or reposons-nous, le temps de constater comment le monde s’invente
UN BREF RÉPIT, auf dieser Flucht [8] révèlera un ouragan qui
Éveille guerre et paix au rythme de cette violente danse impétueuse.

  1. Bientôt, nous serons tous des îles nocturnes à la dérive.
  2. L’imprudence des années fastes a fait naître
  3. En français dans le texte.
  4. Projetés dans un cauchemar duquel personne ne s’éveillera
  5. En français dans le texte.
  6. Sans issue
  7. En français dans le texte.
  8. Sur cet envol.

Nouvelle publiée le mercredi 10 mai 2017.