Voici, à découvrir chaque jour jusqu’au 18 mai, les treize poèmes de Sandeep Bhagwati qui ont inspiré sa dernière création, Niemandslandhymnen.

Traduction française de Louis-Patrick Leroux (la traduction française ne cherche pas à recréer la rime tierce dans sa forme, mais propose plutôt une traduction en forme libre de l’anglais).

IX AVARICE

Par avidité ou luxure, nous partageons à notre tour
L’œcuménisme des dividendes, les psaumes du profit perpétuel,
Nous chantons le sutra-saphir de la richesse croissante; nous spéculons,

Psalmodions sourates sur les sukuks [1]; entonnons des hymnes aux fonds d’investissement comme s’ils étaient parole de dieu.
Nos bilans sont nos épiphanies, réjouissons-nous de la stratégie corporative enfiévrée:

Que les cantiques du grand capital encerclent le globe, obscurcissent le soleil et nous élèvent dans l’orbite lucrative!

Là-haut, notre crédo sur les gains éternels feront bien rire les dieux, bien qu’il anime toute l’humanité, riche ou pauvre,

Qui, tous les jours, joue son âme éternelle à partir de la promesse spécieuse de lendemains fortunés qui nous donneront les moyens d’insuffler de vie

Les paysages, les océans, les ciels froidement abandonnés par nos envies fanatiques et insatiables.

Peut-être la terra (ré) formation de notre biosphère desséchée offrira-t-elle, à tout hasard, le salut de notre espèce qui n’a su que tout brûler sous nos pieds, pendant que nous étions téméraires

En nous appropriant cette terre pour la ravir, l’exploiter, lacérer son lustre, déchirer son tissu délicatement tendu; en hypothéquant notre avenir pourtant sans bornes, fertile — la promesse de l’inéchangeable.

Les données ont été dématérialisées par trop de manipulations.

  1. Les sukuks sont un outil de prêt des économies islamiques qui contournent l’interdiction de l’imposition d’intérêts sur les prêts.

Nouvelle publiée le lundi 15 mai 2017.