85 musiciens

Création: 4 mars 2005, Montréal / Nouvelles Musiques 2005: MGSO (McGill Symphony Orchestra), Salle Pollack — Pavillon Strathcona — Université McGill, Montréal (Québec)

C’est au cours de l’été et de l’automne 1963 que j’ai composé cette pièce, un peu avant et après mon vingt et unième anniversaire. J’étudiais alors la composition avec un professeur privé, Samuel Dolin, au Royal Conservatory of Music de Toronto, et j’en étais à ma dernière année du programme de baccalauréat en musique à l’université de Toronto. Je ne me souviens pas de ce qui m’a incité si fortement à entreprendre un projet si ambitieux et si difficile à réaliser qu’un concerto pour violon – sans doute beaucoup de naïveté (mais aussi un débordement d’enthousiasme). Il n’y avait aucune possibilité qu’il soit présenté et il s’agit en fait, ce soir, de la première interprétation de la pièce (rappelant la vieille idée que, si les compositeurs arrivent à vivre assez longtemps, presque tout ce qu’ils ont écrit finira par être interprété — lorsqu’ils le souhaitent vraiment). Je ne me souviens pas non plus de ce que Sam a pensé de la pièce lorsque j’ai fini par lui montrer la partition. Ce que j’ai écrit était un concerto lyrique intégral en trois mouvements (rapide-lent-rapide), avec cadences aux premier et dernier mouvements. De plus, dans les mouvements d’ouverture et de clôture, j’ai inséré un passage connu ressemblant à la valse et qu’on entend deux fois dans chaque mouvement. Tout d’abord, le violon demeure distant pour s’engager résolument à sa quatrième entrée. Le mouvement lent est une série de variations dont le thème est précédé d’un passage d’introduction pour le violon s’apparentant à la cadence. Pour cette forme de variation, je me suis probablement fortement inspiré du concerto pour violon de Bartók que je connaissais très bien à l’époque.

Au moment où j’ai composé mon concerto, j’en étais à l’écriture de ce que je croyais être un «contrepoint dissonant», d’après ma perception de la musique de Bartók, mais, avec le recul, il me semble davantage un «contrepoint extrêmement maladroit» (ou peut-être tout simplement un «contrepoint dans sa forme extrême»!). De toute manière, en revenant à cette pièce après plus de quarante ans, j’ai apporté quelques changements très mineurs au ton et à l’instrumentation, précisément. Cependant, la pièce demeure majoritairement ce qu’elle était en 1963.

Je dédie ce concerto à la mémoire de Samuel Dolin (1917-2002), mon merveilleux professeur et mentor, qui a toujours si bien compris comment aider ses étudiants à réaliser leur potentiel.

Brian Cherney

Exécution