flûte, piano et orchestre
Crossworlds (que l’on peut traduire par «aux frontières des cultures») est dédiée aux solistes qui l’interpréteront ce soir, la flûtiste Marina Piccinini et le pianiste Andreas Haefliger, qui ont créé l’ouvrage le 7 mars 2002 avec l’Orchestre symphonique de Boston sous la direction de Hans Graf. Ces deux mêmes solistes en donnèrent la première canadienne avec l’Orchestre symphonique de Winnipeg en décembre de cette même année. Colgrass, qui s’exprime aussi éloquemment en mots qu’en musique, explique la teneur de son œuvre: «Ces dernières années, mon intérêt pour le théâtre, la littérature et l’actualité mondiale m’on amené à traiter les solistes que ma musique convoque comme les personnages d’une pièce de théâtre (…) Dans Crossworlds, j’exploite cette idée encore davantage. Une mélodie tonale, simple et évoquant la culture orientale représente le personnage de la flûte, alors qu’un thème atonal, complexe et percussif, qui n’est pas sans rappeler l’Occident, dépeint la nature du piano. Pour moi, l’aventure consistait à voir ce qu’il adviendrait lorsque ces musiques tout à fait différentes se rencontreraient et, possiblement, franchiraient leurs frontières respectives.
L’œuvre s’ouvre sur un passage tranquille, méditatif et presque modal destiné à la flûte. Le piano y répond en exposant une musique entièrement différente, agressive et dissonante, comme s’il disait: «Non, pas comme ça, mais comme ça». Une série d’échanges s’ensuivent – la flûte subtilement persuasive, le piano plus dominant de nature – et nous les entendons se transformer à mesure que l’un entre dans l’univers de l’autre. Afin de réaffirmer leur identité, chaque instrument réexamine ses origines musicales: la flûte digressant vers des styles arabiques et balinais, le piano évoquant son passé baroque, romantique et impressionniste. Chacun retrouve enfin ses propres identités musicales bien qu’elles se soient légèrement transformées.
Le rôle de l’orchestre est d’aider à définir le caractère et le style de chaque instrument soliste et de leur fournir des alliés. La harpe, l’alto, le violoncelle et le vibraphone supportent la flûte, alors que le piccolo, la clarinette et les cuivres munis de sourdines aide à créer l’univers du piano. Les cordes peuvent aller d’un côté comme de l’autre, ou demeurer neutres.»
Robert Markow [traduction française: Lise Viens]
Exécution
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Mardi 1 – mercredi 2 mars 2005