piano

Les Douze études, divisées en deux volumes de six pièces chacun, sont le fruit de la dernière grande vague créatrice du musicien qui, à Pourville, en Normandie, retrouva durant l’été 1915, au contact de la mer bien-aimée, une euphorie et une santé passagère. L’élaboration en fut très rapide et la correspondance de Debussy nous permet de dater exactement certaines pièces, telles l’étude «Pour les agréments» (12 août) ou l’étude «Pour les sixtes» (22 août, jour de son 53e anniversaire). C’est au contact renouvelé avec l’œuvre de Chopin, adoré depuis toujours, que Debussy trouva son inspiration. Comme celles de Chopin, les Études de Debussy, qui ouvrent des perspectives neuves à l’instrument en livrant une précieuse méthode d’interprétation — clé de l’univers pianistique debussyste tout entier —, débordent avant tout de pure et vraie musique, non plus évocatrice, comme dans les Préludes, mais d’un sentiment plus intérieur, d’un message peut-être encore plus essentiel. Sur le plan du langage, elles enrichissent encore l’univers harmonique de Debussy, mais surtout innovent en fait de subtilité rythmique et de différenciation dans les attaques et les intensités.

Ce Debussy dernière manière, qui sublime son propre langage en un classicisme largement ouvert sur l’avenir, atteint, en dépit de ce dépouillement, ou plutôt grâce à lui, à la plus souveraine liberté de langage et d’expression. On trouvera ici ses intuitions les plus génialement révolutionnaires, les plus lourdes d’avenir. L’évolution ultérieure de la musique de piano est impensable sans leur exemple.

Exécution