2 pianos et 2 percussions (vibraphone et marimba)
Commande: Radio Music Department — CBC
Mais quel est donc ce charme du carillon, qui enchante l’ouïe si aisément?
Peut-être n’est-ce rien d’autre qu’une vague espérance de répit promis par ses rythmes imprévisibles et délassants. Ou peut-être qu’il y a plus — peut-être est-on séduit par le paradoxe entre, d’un côté, l’impression de contraintes rigides au niveau des hauteurs et du timbre, et de l’autre, la sensation de liberté totale provenant de la spontanéité et de la variété inépuisable de ses rythmes. Ou peut-être s’agit-il d’un tout autre paradoxe, opposant la tendance plutôt étonnante qu’a l’oreille de vouloir déceler dans ses rythmes un motif occulté, tendance paradoxale et étonnante puisque l’oreille tient à imaginer l’objet recherché tout en sachant qu’il n’existe pas.
Le terme «éolien» désigne en même temps le vent et l’ancien mode ecclésiastique du même nom. Le titre Eolian Braid fut choisi par référence au sens premier.
Vingt et un carillons ont été construits spécifiquement pour l’enregistrement qui accompagne Eolian Braid. Cet enregistrement, un fond sonore caractérisé par des rythmes et des timbres variés, crée l’illusion de vents qui apparaissent et disparaissent de façon imprévisible pendant toute la pièce. En surface, les deux pianos, le vibraphone et le marimba génèrent une texture de processus rythmiques (répétition, motifs, phases et transformations) qui, contrairement aux carillons, sont réglés strictement. Dans chacun des deux groupes — carillons et instruments —, un contrepoint complexe résulte de la combinaison de plusieurs strates rythmiques; la juxtaposition et l’entrelacement de ces contrepoints à un niveau plus large créent un contrepoint de textures qui évoque un tressage (braid) rythmique.
Les techniques de composition qui sous-tendent Eolian Braid se retrouvent dans plusieurs sources, cependant, ce sont certaines œuvres du compositeur Györgi Ligeti qui m’ont surtout inspiré et influencé.
- Enregistrement: CD: Arktos 20039/40