flûte solo, 2 harpes, 3 violoncelles et 2 percussions

Commande: SMCQ, avec l’aide du CAC

Création: 16 janvier 1973, Concert 48 [Bruxelles], Conservatoire royal de Bruxelles, Bruxelles (Belgique)

Cette série de pièces partageant le sous-titre Shadows (Ombres) a été produite après le long voyage qu’entreprit Aitken en Extrême-Orient, dans les années 1970. «À mon retour, j’avais tellement d’idées musicales, que je me décidai à les coucher sur papier», se rappelle-t-il, «mais l’idée de composer une musique d’inspiration ‘ethnique’ était contre mes principes à l’époque: je croyais qu’un Canadien se devait de faire de la musique «canadienne» – peu importe la signification de cette épithète – pas une imitation d’une autre culture. Toutefois, je décidai de me débarrasser de ces ombres et planifiai de composer quatre œuvres inspirées d’endroits que j’avais visités.»

Shadows III, écrite à la demande de Serge Garant pour la Société de musique contemporaine du Québec, reflète la tradition mélodique et rythmique hautement sophistiquée du sous-continent indien, plus particulièrement les motifs mélodiques et les intonations du raga matinal appelé Lalitá. Ce raga est associé avec l’hymne qui est chanté en l’honneur de la déité du même nom: Lalitá, «charmante par son innocence, brillante comme l’or. Elle tient un luth, un coucou perché sur sa main de lotus. Assise sous un arbre à souhaits, la poitrine dénudée et mille fois désirable, Lalitá, jeune et droite, est parée d’une septuple guirlande de fleurs. Ses longs yeux sont comme des pétales de lotus. Soupirante, comblée par le destin, tranquille, elle s’habille dès l’aube comme pour une rencontre amoureuse.» (Chatuarimshach‚ hata-Raga-Nirupanam)

L’intention du compositeur était de créer une œuvre très intense, traversée par une énorme tension. La flûte passe son temps à contrer la turbulence, comme le font d’ailleurs les autres instruments. D’occasionnelles et relaxantes pauses donnent un aperçu de la dimension indienne sur laquelle l’œuvre est construite. Le raga Lalitá apparaît alors dans sa forme plus évidente uniquement pour amener le mouvement à une fin paisible.

Robert Aitken

Exécutions