William Billings, compositeur et professeur de chant choral américain du 18e siècle, a été décrit par ceux qui le connaissaient comme un homme «moyennement gros, avec de courtes jambes, un seul œil, un bras atrophié, et ayant l’habitude de prendre de grandes quantités de tabac». Rien de tout cela ne pouvait prédire qu’il deviendrait l’un des musiciens les plus respectés de la Nouvelle Angleterre des années 1770. Il a en effet laissé derrière lui un nombre impressionnant de chorals (plus de 340) regroupés en deux recueils, The New England Psalm Singer et The Singing-Master’s Assistant, desquels ont été tirés Old North et Heath, source d’inspiration pour John Cage 200 ans plus tard.

En 1976, Cage a reçu bon nombre de commandes de divers ensembles qui voulaient souligner le bicentenaire de l’indépendance des États-Unis par la création de nouvelles œuvres américaines. Le compositeur, pour l’occasion, s’est tourné vers des mélodies populaires, musiques d’églises et chants chorals de l’époque de la célèbre déclaration du 4 juillet, et en a imprégné plusieurs de ses œuvres pendant quelques années.

C’est le cas notamment de ses Hymnes et variations, composées en 1979, inspirées des deux chorals de Billings. Cage y a soumis Old North et Heath à un processus de «soustraction», conservant seulement quelques notes de l’original. Dans certains cas, ces notes sont développées pour remplir l’espace laissé par les notes supprimées qui, dans d’autres cas, sont tout simplement remplacées par des silences. Le texte subit un processus similaire: le compositeur ne retient que certaines syllabes des mots originaux. Le processus de soustraction est appliqué cinq fois sur chacun des deux chorals sources, pour un total de 10 variations. Il en résulte, pour reprendre les mots de James Pritchette, «une musique qui garde un parfum 18e siècle tout en étant très cagienne par son caractère imprévisible».

A Deruchie [traduction française: N Pascal, ii-07]

Exécution