Avec ses centaines de psaumes, airs, chansons et motets, Claude Le Jeune a été l’un des compositeurs les plus prolifiques de la seconde moitié du 16e siècle. Revecy venire du prin-temps est tiré d’un de ses recueils les plus connus, Le Printemps (1603), qui re-groupe 39 chansons autour de la thématique de la saison des amours.

Quelques 350 ans plus tard, Olivier Messiaen rend hommage à ce recueil qu’il qualifie de chef-d’œuvre d’écriture chorale et rythmique en composant ses Cinq rechants. Ceux-ci conservent, notamment, la structure couplet / refrain ou chant / rechant propre aux chansons de Le Jeune. Si, par contre, le texte ne change pas d’un couplet à l’autre, la musique, quant à elle, devient de plus en plus élaborée: dans le premier rechant, par exemple, de nouvelles couches se superposent, alors que dans le quatrième, l’accompagnement simplement fredonné (à l’allure pseudo-instrumentale) change. Le compositeur distingue aussi les couplets des refrains et les introductions des conclusions par des changements de tempo. Le premier rechant, par exemple, utilise un tempo modéré pour l’introduction, les couplets et la coda, puis presque vif pour les refrains; ou encore, dans le quatrième rechant, les refrains sont vifs et les couplets modérés, alors que la coda ralentit progressivement.

Messiaen, comme souvent dans ses œuvres, s’inspire également de musiques exotiques. Ses Cinq rechants sont en effet marqués de rythmes indiens (deci-talas) et de chants sud-américains (le harawi, chant d’amour folklorique du Pérou et de l’Équateur), parallèlement à des chants médiévaux (alba). Le texte, écrit par Messiaen lui-même, est partagé entre le français et une langue imaginaire semblable au sanscrit. Les passages en français, explique le compositeur, sont fortement marqués de symboles reliés à l’amour, avec, parmi d’autres, des allusions à Tristan et Iseult, Viviane et Merlin, Ariane et Orphée.

A Deruchie [traduction française: N Pascal, ii-07]

Exécution