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Même si les premiers travaux d’Henri Dutilleux datent des années 1940, le compositeur a renié presque tout ce qu’il avait composé avant sa sonate pour piano (1948). Les critiques considèrent cette sonate, que Dutilleux nomme son véritable Opus 1, comme une pièce annoncant le développement de son style. Les deux symphonies de Dutilleux, composées en 1951 et en 1959 respectivement, traduisent son enthousiasme pour les pièces instrumentales traditionnelles à grand déploiement, une préférence qui doit bien plus aux influences allemandes qu’aux influences françaises. Parmi d’autres influences, notons celle de Bartòk, avec qui Dutilleux partage un intérêt pour l’organisation musicale et les structures symétriques.
En plus de l’orchestre habituel, la partition de la Symphonie no 1 fait appel à une riche section de percussion comportant cinq instruments de percussion: le xylophone, le vibraphone, le glockenspiel, le célesta et le piano. Le premier mouvement est une passacaille créée sur une mesure à quatre qui apparaît d’abord dans les basses doubles pour passer ensuite au registre aigu de l’orchestre. La technique de la variation est présente dans plusieurs pièces de Dutilleux, notamment dans la Symphonie no 1, malgré le fait qu’entre ses mains, la variation ne soit pas un processus traditionnel dans lequel les nouvelles figurations forment un contraste, mais qu’elle épouse plutôt la construction du registre, du timbre et du thème.
L’enchaînement du premier mouvement au suivant se fait sans pause: le Scherzo est tout en éclat et en virtuosité, qualités dont Dutilleux s’écarte dans ses compositions ultérieures, mais qui se déploient ici avec une énergie mordante. Le troisième mouvement flotte dans une aura de mystère et de magie nimbée d’une sorte d’exotisme. Le finale s’ouvre dans une dynamique explosion; mais, en contrepoids au premier mouvement, cette ouverture flamboyante se poursuit en un decrescendo allongé et la pièce se termine sur une note résignée et sans entrain. Bien que la Symphonie no 1 ne soit pas le résultat d’une commande, c’est peu de temps après sa composition, en 1951, que l’Orchestre de la Radio Télévision de France (ORTF) l’interprète pour la première fois.
Exécution
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Vendredi 4 – samedi 5 mars 2005