violoncelle et 8 flûtes

Commande: Ensemble de flûtes Alizé, Véronique Lacroix, avec l’aide du CAC

Création: 8 novembre 2005, Mariève Bock, violoncelle; Ensemble de flûtes Alizé; Véronique Lacroix, chef • Concert, Église Saint-Pierre-Apôtre, Montréal (Québec)

Inspirée de la fable éponyme de Jean de Lafontaine, l’approche que j’ai tentée dans cette pièce vise à évoquer musicalement non seulement l’aspect littéraire et formel mais surtout le caractère ludique qu’exercent les fables en relation avec leur projection dans la sphère humaine. Puisqu’il ne s’agit pas de faire passer une morale mais de critiquer des impostures qui semblent naturelles, ces fables gardent une pérennité exceptionnelle. Pour la composition de cette œuvre, je me suis appuyée sur trois aspects principaux:

  1. la notion de coexistence récit-morale, homme-animal, plaisir-instruction,
  2. l’idée d’opposition, comme confrontation d’éléments musicaux et
  3. la spatialisation sonore. L’idée de coexistence des éléments est présente à travers le dépliement des multiples caractères dans le dialogue solitaire du violoncelle au début de la pièce. La notion d’opposition est évoquée par la confrontation d’un instrument soliste à une masse de flûtes mais aussi à l’intérieur des différents jeux timbriques des instruments. J’ai travaillé particulièrement l’idée de spatialisation dans la construction de la texture en masse des flûtes à travers la mise en mouvement d’une même hauteur ou d’un même geste qui se déplace à l’intérieur de l’ensemble de flûtes. Ce mouvement du geste musical cherche l’effet d’écho à travers un jeu d’imitation et de répétition qui densifie cet amas sonore pour le rendre presque bruyant.

La pièce s’articule à travers des personnages principaux lesquels se chargent, comme dans le texte de Lafontaine, de soutenir la trame. Dans l’aspect formel, le solo initial du violoncelle puis le dialogue flûte alto-violoncelle et l’ensemble de flûtes qui envahissent ce dialogue, constituent une structure qui correspond aussi à celle de la fable. Cependant, le violoncelle suit tout au long de la pièce une transformation graduelle de simplification des matériels. Il évoque à la fin, dépourvu de l’éventail de timbres et dans une sonorité granulée, un caractère quasi lyrique et sombre.

[iv-09]

Exécution