orchestre

Voler de ses propres ailes. (…) C’est ce que nous voulons tous, n’est-ce pas?

Pour le jeune Icare, un tel sentiment ne cesse de le tourmenter. Ce sera son père qui lui fournit sa première et unique paire d’ailerons à la fine pointe de la technologie d’alors. Pour sa sécurité.

Il faut se rappeler que Dédale fut un prodigieux ingénieur du matériel «informatique», ici constitué de cire et de plumes. Et il était connu pour la construction du premier réseau, le Labyrinthe minoen, et duquel il doit maintenant s’enfuir. On comprend qu’Icare, tout en émoi, remue un peu ces ailes-là avant qu’il ne soit véritablement contraint à voler. Puis, avec les admonestations de son père plus ou moins assimilées (faute de temps et de mode d’emploi), il s’envole.

Sa tête s’incline vers le bas puis vers le côté dans un va-et-vient continu et rapide, car Icare est obsédé — peut-être ensorcelé — par les tremblements que son corps produit. Et il s’émerveille trop de ce qu’il conçoit comme sa prouesse effarante, sa mobilité sans fil (sans tyrolienne) et sa vive agilité.

Or, solidement harnaché à ses propres ailes et évidemment à cran, Dédale rejoint Icare qui a déjà pris l’air et, sur-le-champ, il hurle à son fils: regarde où tu vas! C’est tout droit qu’il faut regarder… pas tes ailes! Ne va pas trop vite… pas si haut!

Le soleil brillait fort en ce beau jour. Et il faisait chaud…

Telles étaient les images qui se propageaient dans mon esprit lorsque j’ai composé Icare en émoi… Dédale à cran.

Grâce à une subvention du Conseil des arts du Canada, l’Esprit Orchestra m’octroyait cette commande pour fêter son 30e anniversaire. L’œuvre est dédiée à son chef fondateur, Alex Pauk.

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