Jouer l’extrait audio

15 musiciens

Commande: Nouvel Ensemble Moderne, avec l’aide du CALQ

Cette œuvre a été écrite pour le Nouvel Ensemble Moderne et créée sous la direction de Lorraine Vaillancourt. Dès le début de son écriture, j’ai pensé que cette pièce s’orienterait d’elle-même vers une image de l’être humain dans son rapport avec ses semblables et avec la nature. M’est alors venue le souvenir d’une lecture qui m’a beaucoup marqué lorsque j’avais 17 ou 18 ans, Nature Man and Woman (Amour et connaissance en français). Fortement imprégné par le taoïsme et le bouddhisme zen, ce livre du philosophe américain féru des religions orientales, Alan Watts, a conditionné à cette époque ma vision des choses et de la vie.

Je m’imaginais alors le monde évoluer inexorablement vers un éden où règnerait la paix, l’amour et la pratique des arts. Aujourd’hui, à voir l’état du monde, peut-être avons-nous, plus que dans les années 1970, encore besoin de rêver à des temps meilleurs.

En cours de travail, l’idée de réminiscence s’est imposée. Les oreilles raffinées percevront une erreur dans la dernière citation tirée de l’œuvre de Mozart. En fait, j’avais en tête le thème de ce qui me semblait être un quatuor à cordes, sans savoir de quelle œuvre il s’agissait. Une réminiscence justement! J’ai donc écrit tel quel ce que j’avais à l’esprit pour apprendre par la suite qu’il s’agissait du Quatuor avec clarinette. J’ai trouvé intéressant, en raison du propos, de laisser la chose telle quelle.

L’Être et la réminiscence s’inscrit de plein pied dans une démarche compositionnelle que je nomme «dissociation élémentielle». Amorcée en 1991 dans ma pièce Théâtre navrant (commande de la SMCQ) et repris dans l’ensemble de mes œuvres orchestrales depuis (dont In auditorium), ce procédé consiste à mettre en relation, simultanément, des éléments musicaux ayant, à première vue, peu ou pas de rapport entre eux. Fortement inspirée du travail du compositeur américain Charles E. Ives, cette façon de faire, associée à l’effet d’immersion favorisée par la spatialisation, change de façon marquée, je le crois, le mode de perception de l’auditeur. À mon sens, cela suscite chez celui-ci une forme d’attention beaucoup plus proche de l’écoute de tous les jours que celle que favorise l’écoute d’une œuvre à caractère unitaire présentée sur scène de façon frontale. C’est le sujet de ma thèse de doctorat (en cours de rédaction).

L’Être et la réminiscence s’est mérité le prix Opus de la création de l’année pour la saison 2016-2017.

Exécutions