clarinette, violon, alto et violoncelle

Avec le Quatuor pour clarinette et trio à cordes, nous entrons dans la nouvelle forme de Penderecki, amorcée au début des années 1990 et fondée sur la recherche de la beauté «classique»: la clarté des formes, la pureté et la concision de l’écriture. Penderecki sent le besoin d’écrire une œuvre de musique de chambre et n’attend pas une commande pour se mettre au travail. S’inspirant du Quintette en do de Schubert, ce quatuor évoque l’atmosphère viennoise propre autant à Beethoven et Schubert qu’à Schoenberg, pour la valse, et même à Alban Berg, pour le lyrisme des premier et dernier mouvements. Les titres des mouvements (Notturno, Scherzo, Serenade et Abschied) sont aussi très caractéristiques de la musique de la capitale autrichienne. Penderecki avait prévu d’écrire sept mouvements, mais, en fin de compte, l’œuvre n’en contient que quatre. L’Adagio initial présente une longue mélodie très expressive et mélancolique à la clarinette, qui est rejointe par l’alto, puis par quelques courtes interventions du violon. Quant au violoncelle, il tient une pédale de si bémol grave (sur la corde de do abaissée d’un ton pour ce mouvement). Penderecki exploite avec raffinement la similitude des timbres et des registres de la clarinette et de l’alto. D’allure typiquement beethovénienne avec son mouvement quasi perpétuel de notes répétées à vive allure, le Scherzo au contour des plus chromatiques se transforme en chassé-croisé entre les différents instruments. La Serenade, marquée Tempo di valse, semble sortie directement de la plume de Schoenberg, avec son grand ambitus mélodique et sa section aux rythmes pointés d’allure malicieuse. La valse se désagrège jusqu’au début de l’Abschied final, dont le contour mélodique ressemble à celui du début de la valse. Ce dernier mouvement, aussi long à lui seul que les trois précédents, est très mélancolique et d’une grande beauté. L’œuvre se termine sur un lumineux accord de fa majeur. Dans une entrevue où il parle de cette œuvre, Penderecki compare le dernier mouvement à la fin d’un souper entre quatre amis: ils ont abondamment conversé durant le repas, et ils se connaissent si bien qu’ils n’ont plus besoin de tout raconter en détail pour se comprendre.

Olga Ranzenhofer [x-21]

Exécution