version pour 3 intervenants et 16 musiciens trans-traditionnels

cherry blossoms drift
in tsunami’s deadly wake
spring’s heartless return

Le 11 mars 2011, trois terribles tragédies ont touché le Japon: un tremblement de terre, un tsunami et la fusion nucléaire à Fukushima. La préfecture de Miyagi a été la première zone à être violemment touchée par le tsunami. Par pur hasard, je venais juste de lire des ouvrages à propos de l’histoire, l’esthétique et la poésie japonaise, et j’avais aussi regardé des films et des documentaires à ce sujet. J’avais développé un intérêt tout particulier pour le Japon. J’ai été totalement abasourdi et pétrifié par les images du Tsunami qui étaient diffusées à la télé, par leur violence et leur étendue, et surtout lors de la fusion du réacteur nucléaire et de ses conséquences.

empty landscape now
houses abandoned in haste
Geiger counters click

Ma première réaction a immédiatement été d’écrire le Miyagi Haikus. C’est sans aucun doute l’une de mes œuvres les plus spontanées que je n’ai jamais écrite. Le Haikus est un poème court, typiquement japonais composé de 17 syllabes, décomposé en trois lignes: deux avec 5 syllabes et une avec 7 syllabes, le plus souvent situé au milieu du poème. La dernière ligne du poème est toujours une sorte de résumé des deux premières, une synthèse ou une surprise, ou les deux à la fois.

shipwreck on airport
streets destroyed by wild seas while
far was… is the shore

Dans ma partition musicale, les 17 haikus sont eux-mêmes organisés selon le format du Haiku: les cinq premiers sont joués sans rythme fixe, les sept suivant avec du rythme mais ils n’ont pas des hauteurs fixes, et les cinq derniers combinent des rythmes et des hauteurs pour arriver à des notations complètes. Chacun des ces 17 haïkus dispose de la même structure interne: les cinq premières mesures dessinent un caractère musical tout particulier, les sept mesures suivantes proposent un autre, et les cinq dernières mesures présentent une mélange de ces deux caractères.

Cet ordre stricte et rationnel doit nécessairement être perturbée par les musiciens: car la partition ne précise pas combien et quel instrument doit jouer. Chaque soliste ou ensemble doit trouver son propre arrangement et interprétation de l’œuvre — et même s’il se trouvent, dans la partition, des instructions claires sur la manière de co-créer cette musique, une grande liberté dans la réalisation est laissée aux musiciens, leur préparation et leur improvisation.

beauty is order.
chaos and fear know no grace
yet — there is music…

À la fin de 2013, trois virtuoses des cuivres vivant à New York, Peter Evans, Dave Taylor et Felix del Tredici, ont créé collectivement leur propre version des Haikus pour une première représentation mondiale lors de l’édition 2014 du Bargemusic Festival à New York. Chaque jour du festival débutait par une séquence du Miyagi Haikus: sept haikus lors du premier jour, cinq autres lors du deuxième jour et enfin les cinq restants lors de l’ultime jour du festival.

Aujourd’hui, ils vont pour la toute première fois interpréter le cycle dans son intégralité.

[traduction française: Valentine Maire, ii-15]

Exécutions